Ferme du Bocquiau

Les promeneurs haubourdinois la côtoient bien souvent sans même y prêter attention : la ferme du Bocquiau, une vieille dame tricentenaire qui se découpe dans la perspective du mail du Bon Pêcheur. Cet impressionnant vestige du passé dont les parties les plus anciennes datent de 1703, année de sa reconstruction, n'est pourtant pas classé monument historique. Mais son histoire remonte à 1466.

C'est au 16è siècle que l'ancien manoir connaît sa période d'intensité au service de Jean de Luxembourg, seigneur d'Haubourdin (1385-1440) . Le nom de la ferme du Bocquiau est mentionné en 1466 dans l'acte de fondation de l'hôpital (Hôpital-Hospice ) par ce seigneur haubourdinois et son épouse Jacqueline de la Tremoille. Dans les documents anciens, son nom apparaît sous des étymologies variées : Bocquel, Bosquets, Bocquiau, Bocqueaux.

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Les archives municipales révèlent qu'à l'origine, un manoir est implanté sur le fief de Jean de Luxembourg, entouré d'un fossé rempli d'eau, au milieu des terres labourables, des bosquets, de prairies et de bois, sur une étendue de sept hectares. Le domaine seigneurial se compose d'une maison, avec portail, grange, colombier et caves. L'ensemble est loué aux moines cisterciens de l'abbaye de Loos. Les revenus de la ferme répondent aux besoins de fonctionnement de l'hôpital, la première institution à Haubourdin qui avait le mérite, à l'origine, d'héberger pour une nuit les pauvres passants et les pèlerins se rendant à Saint Jacques de Compostelle et en Terre Sainte.

La ferme que l'on découvre de nos jours n'est donc pas l'édifice primitif. Un incendie ravagea l'ancien manoir du 15è siècle en 1698. Il ne resterait que quelques éléments qui attestent de l'ancienneté du lieu.

Elle laisse voir une architecture rurale variée, offrant deux bâtiments avec façades ornées d'une rangée de pierres blanches et de briques, constituant les matériaux d'origine et des murs soutenus par de puissants contreforts. La ferme a conservé son charme d'autrefois : les ouvertures, fenêtres et portes sont de dimensions premières. Un portail d'entrée ouvre sur une cour intérieure rectangulaire. Sur un côté, on peut observer des soubassements élevés d'époque sur lesquels vient s'appuyer un mur d'un style différent du bâtiment d'origine. Non loin de là, on peut admirer un charmant plan d'eau qui rappelle que l'ancien manoir était entouré de douves.

La ferme du Bocquiau connaîtra des heures mouvementées au début du 18è siècle, victime de vols et de pillages. Un général autrichien s'y installera en 1708, à la défense de Lille, non sans en avoir expulsé de force le propriétaire des lieux. L'édifice faillit disparaître en 1847 pour céder la place à un hôpital psychiatrique départemental pour femmes. Finalement, le choix se portera sur Bailleul. La ferme du Bocquiau a été aussi la demeure de l'ancien maire Auguste Potié, qui y mourut en 1939. (Auguste Potié)

La ferme du Bocquiau constitue un élément de notre patrimoine le plus ancien de la commune. Cette vieille dame, âgée de trois siècles, ancienne propriété des Hospices d'Haubourdin, abrite en 2002 une exploitation agricole.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N°41 - mars 2002