Origine du nom “ Haubourdin”

Le nom de Haubourdin qui, pareil à tant d'autres, a varié au long des siècles peu soucieux d'orthographe, s'est inscrit dans les documents anciens Haburdin, Habordin, Habourdin, Haubordin, Halbourdin, Haultbourdin, Hautbourdin, Haulbourding...

Ces noms variés ont inspiré aux historiens et aux chercheurs locaux diverses étymologies plus ou moins spécieuses, comme celle qui, vers 1850, prétendait qu'autrefois, on écrivait “Haut Bourg Din” et que cela signifiait “ville élevée au milieu des marais”.

Toutes ces interprétations se sont révélées fausses ou fantaisistes grâce aux progrès de la toponymie scientifique, réalisés surtout depuis soixante ans par Albert Dauzat. Ils permettent de déceler sans équivoque l'origine de beaucoup de noms propres.

Haubourdin se compose, sans contestation possible, d'un nom de chef franc, Haribod, suivi du suffixe in, dérivé du mot francique hem : maison, propriété, domaine.

Cette transformation de hem en in s'explique aisément lorsqu'on constate que les habitants d'un village qui a conservé le hem primitif : Radinghem, prononcent tous le mot : Radéin. D'où, sans doute, l'abondance dans la région lilloise des noms en in : Seclin, Sequedin, Wavrin, Carvin, Emmerin, etc.

Ainsi, Haubourdin existait peut-être vers le VIè Siècle sous la forme d'un domaine agricole concédé à un vétéran de Clovis.

Les habitants attachés aux terres d'Haribod et de ses successeurs ont été dispersés par les Normands qui ravagèrent le pays et ne durent pas faire de quartier en ce point de passage de la rivière faisant communiquer le pays de Weppes et le Mélantois.

Nos ancêtres revinrent, dès que le danger se fut éloigné. Ils reconstruisirent leurs chaumières, bâtirent ou rebâtirent une église, lancèrent un pont sur la Deûle. Cela peut se situer aux environs de l'an 1000.

En 1127, il existait une agglomération suffisamment importante pour justifier la présence d'un curé à l'église qui desservait Haubourdin et Hallennes. Cette année-là, l'évêque de Tournai et Noyon, Symon, successeur de Saint Éloi et de Saint Médard, signe le plus ancien document faisant mention d'Haubourdin. (Carte du diocèse de Tournai au 18è siècle)

Il accorde à Marie, supérieure de l'abbaye de Sainte Remfroye à Denain, une charte de donation de l'église d'Haubourdin et Hallennes et les abbesses conservèrent jusqu'à la Révolution le privilège de nommer le curé, sous réserve qu'il soit reconnu apte à ces fonctions.

L'église paroissiale était, sans doute, dès cette époque, dédiée à Saint Maclou. Cela explique que, dans de nombreux testaments, on trouve ces termes : Après avoir recommandé son âme à Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa Sainte Mère et à Monsieur Saint Maclou, son patron, ...

Ce saint homme, originaire de Grande-Bretagne, fut, au cours du VIe siècle, moine puis évêque. Bien qu'il n'ait pas évangélisé notre région on y trouve ses reliques. En effet, transportées à Paris pour les soustraire aux invasions normandes, elles se trouvèrent, aux alentours de 940, pour une bonne part, à Montreuil sur Mer. Le comte de Flandre, Arnould le Vieux, qui régna de 918 à 964, ravagea la Picardie et s'empara de Montreuil. Dans ses bagages, il ramena des reliques glanées au cours de ses chevauchées et les distribua à ses fidèles chevaliers et à des abbés. Ainsi, trouve-t-on, au 11è siècle, des reliques de Saint Maclou à l'abbaye de Gembloux près de Namur, dès 982, à Wattrelos, domaine des moines de Saint Bavon.

Tout permet de penser que le seigneur d'Haubourdin reçut sa part à la même époque.

C'était un personnage suffisamment important pour obtenir une telle faveur. Son successeur signera en, qualité de témoin, lors de la confirmation par le comte de Flandre, Philippe d'Alsace, en 1168, de la donation à l'abbaye de Loos de la terre de Gérard de Faches.

Le terrain sur lequel devait être bâtie l'abbaye de Loos a été concédé aux moines de Clairvaux en 1147, vingt ans après la charte de l'évêque Symon. Cela ne signifie pas qu'Haubourdin existait avant Loos, mais donne une présomption d'antériorité, dont les Haubourdinois peuvent toujours se targuer.

En tous cas, il n'est aucun lien entre l'abbaye et Haubourdin, hormis le voisinage.

Source : Haubourdin dix siècles d'histoire - Augustin Laleine et Mairie d'Haubourdin - 1972