Patronage d'autrefois à Haubourdin

Riche de rencontres et d'amitiés, le patronage de la société de Saint Louis de Gonzague et du Cercle Catholique de Saint Joseph, rue Leclerc, a pendant des décennies influé sur les orientations de l'époque. Les locaux disparurent en 1982 pour laisser place au lotissement des “Rouges Tuiles” .

Avec la disparition, en 1982, des locaux situés 33 et 43, rue Leclerc, siège du patronage catholique, une page de l'histoire locale a été tournée. Une histoire longue d'un siècle. A l'origine, des Haubourdinois décident de créer une œuvre de bienfaisance pour occuper les loisirs des enfants afin qu'ils ne sombrent pas dans l'ennui et la délinquance. C'est ainsi qu'en 1851, deux comités font leur apparition, la société Saint Louis de Gonzague et le Cercle Catholique Saint-Joseph. Ils animeront le patronage catholique, une institution qui se veut être une œuvre d'éducation et de persévérance des jeunes gens.

Le patronage bénéficie de l'appui moral des personnalités haubourdinoises connues pour leur intégrité et leur bonne réputation. Parmi les membres dirigeants, placés sous l'autorité du clergé paroissial, on note en 1876, l'architecte Jean-Baptiste Cordonnier Voir généalogie , le filateur Georges Colombier - le fondateur de l'école Saint Georges - le conseiller de préfecture d'Herbigny, le brasseur Célestin Cordonnier Voir généalogie et les négociants Jules Verley Voir généalogie et Henri Cuvelier Voir généalogie .

Précurseur des centres aérés, le patronage accueille des jeunes gens dans le but, selon le règlement, de “les éloigner des plaisirs dangereux et des mauvaises compagnies” . Des jeux de société sont mis en place : billards, cartes, dames, javelots, fléchettes, tandis que sont bannis les gros jeux d'argent et les jeux de hasard. La culture est favorisée par la lecture des bons livres de la bibliothèque paroissiale, préalablement sélectionnés par le doyen. Enfin, les causeries familières excluant toutes discussions politiques et religieuses resserrent les liens entre les membres.

Le patronage se révèle être aussi une œuvre de formation : les jeunes y apprennent la politesse, l'adoption d'une tenue vestimentaire élégante et simple, l'ordre, la discipline et l'art de se gêner pour autrui.

L'édifice a connu des périodes mouvementées quand la salle de patronage est réquisitionnée pour servir d'hôpital de campagne en 1914. En 1940, le bâtiment sert de lieu de culte pendant deux ans après qu'un bombardement ait rendu inutilisable l'église Sainte Maclou. (Diaporama)

Le 1 octobre 1923, sort le premier numéro mensuel de “L'Écho” du patronage Saint Louis de Gonzague. Des informations religieuses et des chroniques sportives enrichissent ses colonnes. Cinq ans plus tard, naît la foire aux plaisirs. Cette attraction deviendra une tradition annuelle et une bonne aubaine pour alimenter la caisse des écoles libres de la paroisse. En fait, on retrouve l'image familière de nos kermesses d'aujourd'hui avec ses stands, loteries, jeux, frites, repas.

Le théâtre occupe de grandes soirées et des revues patoisantes tiendront l'affiche pendant 10 ans grâce à la popularité de son auteur haubourdinois : Henri Dallenne. En 1919, une création nouvelle fait son apparition dans la salle du patronage : le cinéma paroissial, qui prendra le nom de Cinévog à l'époque du film parlant. Il fermera ses portes en 1967.

Le patronage haubourdinois a été fréquenté par des générations de jeunes, dans un élan de camaraderie et d'idéal. L'évolution des mentalités et les changements des comportements ont porté un coup d'arrêt à son œuvre charitable. Le temps du patronage était révolu.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N°32 - décembre 1998