Haubourdin sur Deûle

L'histoire du canal de la Deûle remonte à l'année 1271. En ces temps reculés, Jean III, Châtelain de Lille et Seigneur d'Haubourdin, s'engage par une charte conservée aux Archives de Lille (transcription de la charte), à financer le creusement d'un canal reliant La Bassée à Lille. L'idée est de saigner les marais, d'ouvrir une voie de communication à une époque où les routes étaient rares et impraticables une grande partie de l'année et enfin d'assurer la défense de Lille.
Troisième affluent de la Lys, la Deûle, partage à peu près son cours de 80 km entre les deux départements.
Elle commence à 10 ou 19 km au nord d'Arras, dans le Pas-de-Calais, sous le nom de Souchez.
Au-dessous de Lens, elle prend le nom de Feule.
Dans le Nord, où elle est navigable, elle baigne Haubourdin, Lille, le Quesnoy, et s'achève à Deûlemont.

Ainsi, dès le 13è siècle, Haubourdin entre dans une ère nouvelle symbolisée par ses péniches.

Au temps de la féodalité, la Deûle marque la limite entre deux quartiers de la commune : les Weppes sur la rive gauche et le Mélantois sur la rive droite. Au 13é siècle, cet élément liquide fera tourner dans la cité des moulins à eau alignés sur sa rive gauche, destinés à moudre le blé ou à fabriquer de l'huile. On y importe du colza, de l'œillette et des graines de lin depuis Cassel, Armentières, Douai, La Bassée. Plus tard des industries textiles et de teintureries, aujourd'hui disparues, s'installeront au bord de la Deûle.

En 1889, la modification de son cours en ligne droite a la particularité de former une enclave à l'intérieur de la ville, isolant une partie des habitants du P'tit Belgique avec le reste de la cité. Très vite, cette langue de terre, cernée par un rempart d'eau, prendra l'appellation de "île du Diable". Le pont-levis de la rue Mesny constituera, pendant près d'un siècle, l'unique lien ouvert à la circulation routière avant son enlèvement en 1992. (Ponts et Passerelles pont N°14 )

Une profusion d'ouvrages d'art enjambant la voie d'eau ont marqué l'histoire d'Haubourdin. Les anciens Haubourdinois se rappellent du pont de l'abbaye, à la frontière communale avec Loos, du pont tournant remplacé en 1976 par une passerelle piétons, rue Loridan, du pont de bois dit Bailay au P'tit Belgique. Avant la mise à grand gabarit de la Deûle, la rue Sadi Carnot frôlait la Mairie. Aujourd'hui, le bâtiment communal en est écarté par un pont monumental, d'une portée de 60 mètres.

Plus récemment, en 1982, une partie de la Deûle s'efface devant la conquête de la terre. Les Haubourdinois voient naître le Mail du Bon Pêcheur (Mail du Bon Pêcheur ), né de la volonté de nos édiles. Le site s'étend sur une trame végétale d'une longueur de 600 mètres, à l'emplacement même de l'ancien bras mort du canal, comblé par les Voies Navigables. Ce véritable salon de plein air offre aux yeux des promeneurs une longue perspective de vues fleuries et verdoyantes, dans un paysage empreint de tranquillité. Ici, les arbres, l'herbe, l'eau de la Deûle et la brique jaune des allées concourent à l'harmonie générale.

En décidant de creuser un canal en 1271, notre Seigneur Jean III de Lille (1205-1276) n'imaginait pas que, sept siècles plus tard, la Deûle proposerait aux passionnés de la nature une occasion de se promener sur ses berges, de poser sur la ville un autre regard ou de ressentir le plaisir de voir glisser les péniches.

Ainsi, depuis le Moyen Âge, la Deûle à Haubourdin fait partie de notre paysage. Ses anciens chemins de halage sont devenus un lieu idéal de détente, propice à la recherche d'un certain isolement indispensable pour atténuer le stress de la vie moderne.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N°38 - avril 2001